Compte tenu du budget 2026, selon nos informations, une nouvelle étude sur le prix des lignes à grande vitesse (LGV) de Bordeaux à Toulouse et à Dax est menée dans les ministères – la prévision à 14 milliards d’euros étant a priori sous-évaluée.
C’est l’un des plus grands projets ferroviaires d’Europe… avec un budget à la hauteur de son ambition : le coût des deux nouvelles lignes de train à grande vitesse (LGV), devantrelier Bordeaux à Toulouse en 2032 et à Dax en 2037, est en effet estimé à 14 milliards d’euros – dont 5,6 milliards à la charge de l’Etat, c’est-à-dire l’équivalent du budget annuel du ministère de la Culture. Alors, au moment où le Premier ministre, François Bayrou, va évaluer« chaque euro dépensé »pour juger de leur nécessité, le coût des LGV pourrait bien être scruté.
Et le doute a commencé à s’installer dans le Sud-Ouest. Le directeur de l’agence SNCF chargée du projet Christophe Huau a même tenté de rassurer jeudi 26 juin.« On a tout le financement que l’on souhaite pour avancer au rythme prévu »et« on s’adaptera aux décisions des pouvoirs publics », a-t-il affirmé. Ces déclarations interviennent deux semaines après la révélation d’une note interne de Bercypar « l’Humanité »jugeant« envisageable de réexaminer »des projets comme celui-ci pour faire des économies.Auprès de l’AFP, le ministère s’est limité à souligner que« tout document de travail n’a aucune valeur d’arbitrage ».
Le contexte de recherche d’économies est pourtant bien propice à un réexamen. François Bayrou a en effet promis de présenter en juillet un plan de retour à l’équilibre des finances publiques, avec l’objectif d’économiser 40 milliards d’euros pour réduire le déficit. Les 5,6 milliards d’euros de la LGV dans le Sud-Ouest pourraient alors l’intéresser. D’autant plus que cette estimation est a priori sous-évaluée : elle a été faite« à titre indicatif »au cours de l’année 2020, avant les dernières années d’inflation.
Les travaux ont commencé sur les voies existantes au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse. Mais le financement du tronçon de ligne nouvelle entre les deux métropoles n’est pas encore sécurisé.© Crédit photo : Laurent Theillet/SO
Les grands projets ferroviaires peuvent-ils être étalés dans le temps ou abandonnés ? C’est un scénario envisagé dans les ministères qui cherchent à faire des économies budgétaires
Austérité oblige, la France va devoir amputer son budget à grands coups de tronçonneuse. Le Contrôle général économique et financier (CGefi), sorte de Cour des comptes interne à Bercy chargée de veiller sur les dépenses des organismes publics, a adressé une note le 13 mai 2025 aux directeurs de cabinet des ministres de l’Économie et des Comptes publics.Ce document interne a été intercepté début juin par « L’Humanité ». Dans cette notice de huit pages, la ministre Amélie de Montchalin annote la « recherche de gisements d’économies budgétaires ». Redécouper les services, les fusionner, les dégraisser, etc.
Alors que Bercy envisage de "réexaminer" les projets de LGV Bordeaux-Toulouse et Marseille-Nice, les opposants saluent une avancée inespérée.
C’est une note qui fait frémir les partisans des grandes infrastructures… et sourire leurs détracteurs. Révélé par L’Humanité, un document interne du ministère de l’Économie suggère de "réexaminer" les projets de lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Marseille-Nice. Une hypothèse aussitôt saluée par les opposants, mobilisés de longue date
"À la bonne heure", jubile Jean Olivier, président des Amis de la Terre Midi-Pyrénées, dans les colonnes de Reporterre. "Ce projet de ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux est totalement démesuré. Il s’agit d’une véritable autoroute ferroviaire, dont la construction nécessiterait d’artificialiser 5 000 hectares de terres et émettrait des millions de tonnes de CO2 avant même que ne roule le premier train."
Même soulagement pour Didier Cade, porte-parole du collectif opposé à la LGV Nice-Marseille. "En voilà une surprise !", a-t-il également lâché à Reporterre. "Une audience en recours devant le tribunal administratif compétent est prévue le 19 juin. Alors, si le gouvernement venait à reculer maintenant, ça serait une sacrée bonne nouvelle."
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Sur le terrain, la contestation ne faiblit pas. Une ZAD s’est installée dès septembre 2024 sur le tracé de la future LGV au nord de Toulouse. Malgré plusieurs opérations de démantèlement, les militants écologistes, surnommés les "écureuils", reviennent systématiquement occuper le site. En mars 2025, une nouvelle intervention des forces de l’ordre a visé la "Guinguette Vaillante", cabane emblématique des opposants, et conduit à au moins une interpellation.
Alors que le gouvernement cherche toujours 40 milliards d’économies pour le Budget 2026, une note de Bercy liste plusieurs pistes de « gisement d’économies ». Parmi elles, les projets ferroviaires dont les lignes à grande vitesse (LGV) du Grand Projet Sud-Ouest. De quoi jeter le trouble et déclencher colère et consternation chez les élus d’Occitanie.
À moins d’un mois de l’échéance, rien ne filtre du plan massif d’économies que François Bayrou doit présenter d’ici la mi-juillet aux Français pour bâtir le Budget 2026, ce nouvel Himalaya. Le Premier ministre, qui a simplement indiqué qu’il demanderait « un effort à tous les Français », maintient – à dessein – le flou…
Et laisse donc courir toutes les rumeurs et les supputations – qui sont parfois des ballons d’essai – sur les différentes pistes entre année blanche, TVA sociale, sabrage dans les niches fiscales, gel des dotations et encadrement des dépenses des collectivités locales, fusion d’agences d’État, etc. Toutes les pistes semblent sur la table pour trouver 40 milliards d’euros d’économies, mais aucun arbitrage n’est encore acté, le mystère demeure.
Un mystère qui se double d’inquiétude, particulièrement en Occitanie, après la révélation le 11 juin parL’Humanité d’une note de Bercy datée du 13 mai, qui préconise rien moins que de revoir l’un des projets phares d’aménagement : la ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux.
Lire la suite : La LGV Bordeaux-Toulouse sacrifiée au nom des économies pour le budget 2026 ?
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