Bercy envisage d’abandonner les projets de LGV Bordeaux-Toulouse et Nice-Marseille
14 juin 2025 - Reporterre
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Une note interne au ministère de l’Économie suggère de « réexaminer » les projets deLGVBordeaux-Toulouse et Marseille-Nice, dans le cadre des économies prévues dans le budget 2026. Les opposants saluent une « bonne nouvelle ».
Bercy s’apprête-t-il à offrir aux militants écologistes une victoire inespérée ? Dévoilé le 11 juin par L’Humanité, un document interne du ministère de l’Économie semble questionner l’intérêt de poursuivre deux grands projets ferroviaires, hautement contestés : les lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse, et Nice-Marseille.
Datée du 13 mai, cette note inventorie un éventail de préconisations de coupes budgétaires. L’objectif est limpide : économiser un maximum d’argent, dans l’espoir de concrétiser la saignée de 40 milliards d’euros dans les dépenses publiques en 2026. Et le secteur des transports n’échappe pas à cette politique d’austérité, appelée de ses vœux par le Premier ministre, François Bayrou.
« Il serait peut-être envisageable de réexaminer les projets »
Formulées par le Contrôle général économique et financier, ces recommandations sont adressées aux directeurs de cabinet des ministres de l’Économie et des Comptes publics :« Il serait peut-être envisageable de réexaminer les projets au titre de la ligne nouvelle“Provence Côte d’Azur”ou du“grand projet Sud-Ouest” », écrit-il ainsi. Avant d’ajouter que ces ouvrages coûteraient respectivement 3,6 milliards et 14 milliards d’euros,« dont la moitié est à la charge de l’État ».
Les noms des projets ont été soulignés à l’encre noire par Amélie de Montchalin. La ministre des Comptes publics a même fini même par griffonner un« Excellente reco », au pied de l’inventaire, qui propose aussi la dilution de l’Agence bio et de sabrer dans les dépenses de la Sécurité sociale et de l’audiovisuel public. Reste à savoir ce que Bercy cache derrière ce« réexamen des projets ». L’annulation prochaine, pure et simple, des deuxLGV ? Interrogé par Reporterre, le ministère — visiblement agacé — se contente d’esquiver :« Tout document de travail n’a aucune valeur d’arbitrage ministre et n’a pas vocation à sortir de l’administration. »
Enthousiasme prudent
Une chose est sûre : l’information ravit les militants mobilisés sur ces terrains.« À la bonne heure, réagit Jean Olivier, président des Amis de la Terre Midi-Pyrénées, membres de la coordination LGVnon merci.Ce projet de ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux est totalement démesuré. Il s’agit d’une véritable autoroute ferroviaire, dont la construction nécessiterait d’artificialiser 5 000 hectares de terres et émettrait des millions de tonnes de CO2 avant même que ne roule le premier train. »
Dans les tiroirs depuis les années 1980, l’idée a été abandonnée, puis ressortie des cartons au lendemain de la crise du Covid. Ces va-et-vient, intrinsèquement liés à la conjoncture politico-économique, prouvent qu’il n’y a là aucun intérêt public majeur, poursuit l’activiste :« On parle d’un coût quarante fois supérieur à celui de l’A69. C’est totalement fou ! Il vaudrait mieux que les budgets soient mis sur l’embauche de personnel à la SNCFet l’entretien du matériel roulant pour les trains de proximité et du quotidien. »
Même enthousiasme prudent du côté de la Côte d’Azur :« En voilà une surprise ! s’exclame Didier Cade, porte-parole du collectif opposé à laLGVNice-Marseille.Une audience en recours devant le tribunal administratif compétent est prévue le 19 juin. Alors, si le gouvernement venait à reculer maintenant, ça serait une sacrée bonne nouvelle. »
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Les écologistes pourraient-ils faire échouer le projet de ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse devant les tribunaux ?
3 juin 2025 - Railtech.com

Les écologistes du sud-ouest de la France intensifient leur campagne pour stopper le projet de train à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, d’un coût de 14 milliards d’euros, en invoquant la destruction de la biodiversité. Et une récente décision de justice contre une autoroute controversée pourrait ouvrir une fenêtre juridique.
Un an après le début des travaux de construction de la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, les associations de défense de l’environnement continuent de déployer des efforts devant les tribunaux français pour bloquer le projet de 14 milliards d’euros. La récente décision de justice annulant un autre grand projet d’infrastructure, l’autoroute A69 près de Toulouse, pour des raisons environnementales, pourrait créer un précédent.
La nouvelle ligne à grande vitesse, officiellement connue sous le nom de Ligne Nouvelle du Sud-Ouest (LNSO), est au cœur du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO), qui prévoit la construction de 222 kilomètres de voies nouvelles entre Bordeaux et Toulouse d’ici à 2032. Avec de nouvelles gares prévues à Agen, Montauban et Mont-de-Marsan, le GPSO prévoit également une extension vers Dax et la frontière espagnole.
La LNSO devrait réduire le temps de trajet entre Bordeaux et Toulouse de deux heures à une heure, et le trajet Toulouse-Paris à environ trois heures et dix minutes. En transférant des services à grande vitesse sur la nouvelle ligne, SNCF Réseau pourra libérer de la capacité sur le réseau classique pour davantage de trains régionaux et de fret. En somme, il s’agit d’une amélioration de l’accès local au réseau national à grande vitesse.
Par ailleurs, la future extension vers l’Espagne jette les bases d’une amélioration sensible des services transfrontaliers entre le sud-ouest de la France et l’est de l’Espagne –un corridor chroniquement mal desservi, compte tenu de la taille et de la maturité des réseaux à grande vitesse des deux pays. Mais si l’opinion publique semble largement favorable au projet (78 % des personnes interrogées l’ont soutenu lors d’un sondage réalisé en 2024), l’opposition locale reste féroce et gagne du terrain.
L’environnement en toile de fond
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