11 novembre 2014 - Sud Ouest ( 6 novembre 2014)
L’enquête publique est lancée, mais le mode de financement demeure inconnu

JULIEN PELLICIER
Ne pas confondre les nombreuses réunions publiques au sujet du projet de LGV Bordeaux-Toulouse et la « réunion d'information et d'échanges » qui s'est tenue mardi soir à Pont-du-Casse, à l'initiative des commissaires-enquêteurs. « Ce n'est pas une obligation mais une possibilité qui nous est donnée si nous jugeons que cela peut-être utile », explique Daniel Maguerez, le président de cette commission d'enquête composée de 21 membres.
Pour l'heure, seuls le Lot-et-Garonne et les Landes, demain, sont concernés par ces rendez-vous auxquels prend part le maître d'œuvre, RFF, représenté par le chef de mission GPSO, André Bayle. S'adressant à la salle, où avaient pris place quelque 150 personnes seulement (sans doute en raison du peu de publicité faite autour de cette réunion, NDLR), Daniel Maguerez a été clair : « Nous voulons vous entendre. C'est nous que vous devez convaincre. » Pour la clarté des débats, le journaliste Michel Cardoze officiait en tant que modérateur. Une tâche délicate tant le public, composé d'opposants à la création de cette nouvelle ligne, n'a pas vraiment laissé le temps à RFF d'exposer son projet.
Débats animés
À peine André Bayle avait-il débuté son exposé sur « les gains de temps » ou « le catalyseur pour le développement économique » que représente le chantier et, ensuite, l'exploitation de la ligne, que les premières protestations sonores se sont fait entendre et que de petites pancartes, barrées du mot « menteur » ou de l'adjectif « faux » étaient brandies dans la salle.
Pour le chef de mission GPSO, une longue soirée s'annonçait. Au nom de la coordination des associations d'opposants, Claude Semin a été le premier à - longuement - prendre la parole : « Cette réunion est très importante. Pour la première fois, nous aurons des réponses car, jusqu'à présent, RFF a éludé nos questions. » Au fil de la soirée, les espoirs portés sur ce rendez-vous se sont progressivement évaporés tant la précision des réponses posées par le public n'a eu pour écho que des retours plutôt flous de RFF.
Le premier écueil concerne le mode de financement de ce projet, toujours inconnu alors que l'enquête d'utilité publique vient d'être lancée : « De qui se moque-t-on ? » crie le public. « Et pourquoi RFF continue-t-il à justifier la rentabilité d'un projet qui n'en a pas et le développement économique qu'il générerait alors qu'il n'existe nulle part », interroge Jacques Doucet, de Vianne, en faisant écho notamment au récent rapport de la Cour des comptes.
Espoirs douchés
« Quelle sera la participation de la Région ? » interroge le conseiller régional vert Bernard Péré, un des rares élus présents (1). Amené par Michel Cardoze à se prononcer sur la participation de la Région, du Département et sur un éventuel partenariat public-privé, André Bayle a évoqué une dernière estimation de la liaison Bordeaux-Toulouse chiffrée à 8,307 milliards d'euros et des hypothèses de financement qui, pour la salle, ne sont « que du vent ».
Francis Portes, cheminot CGT, a pour sa part dénoncé l'erreur de construire une nouvelle gare, avant qu'un Tarn-et-Garonnais, déçu que son département ne bénéficie par d'un tel rendez-vous, ne prenne la parole.
(1) Jean-Pierre Pin était le seul maire de l'Agglo. Assistaient aussi à la réunion Cathy Pitous (PS), Maryse Combres (EE-LV) et quelques conseillers municipaux.
- Commentaire
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SERIEUXll est évident que dans l'état actuel RFF - qui ment depuis le début sur la quasi totalité des données avancées pour justifier les LGV, dont les arguments sont de moins en moins convaincants - et les opposants, devenus spécialistes au cours du temps, partisans de solutions moins pharaoniques, plus réalistes, ne pourront jamais se rejoindre.
On en arrive une fois de plus à un blocage total dû aux responsables politiques, enferrés dans leur paradigme de grands projets imposés, inutiles, nuisants et ruineux, pour la grande majorité de la population, mais qui veulent malgré tout passer en force.
Si on ne revient pas tout de suite à une réelle démocratie cela nous conduit tout droit à une radicalisation, qui aura tôt ou tard pour conséquence une situation de type NDDL ou Sivens.